Le cerveau humain, composé de 100 milliards de neurones et de 1000 milliards de cellules gliales, interagissant les uns avec les autres par un très grand nombre de contacts et d'échanges, est non seulement d'une extrême complexité, mais également d'une très grande plasticité puisque ces liens se font et se défont au fil du temps d'une manière particulièrement dynamique.
Ce cerveau, dont nous savons depuis le dix-neuvième siècle qu'il est le siège d'une activité électrique qui peut être repérée par des électrodes placées à l'extérieur du crâne, régule notre capacité de penser, d'agir, de mémoriser, de ressentir et d'expérimenter le monde qui nous entoure.
Quantité de travaux ont été réalisés qui nous montrent que c'est la fréquence d'utilisation, le nombre de fois où la même sollicitation intervient, qui va modifier - déjà à l'échelle d'un seul neurone - la taille, l'épaisseur et le nombre de contacts synaptiques avec des milliers d'autres neurones. L'organisation neuronale qui se met en place très tôt chez l'enfant va enrichir de façon considérable ses possibilités d'acquisitions et de savoir-faire. C'est en modifiant sans cesse les connexions synaptiques que la personnalié toute entière se construit.
D'autres, comme Richard A. LOVETT, dans un article paru en 2010, s'interrogent sur la reproductibilité de certaines expériences d'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle - "Reproducibility of brainscan studies questionned" - tout en précisant qu'il ne s'agit nullement d'une remise en question de la technique elle-même qui a apporté suffisamment de preuves de son utilité (NATURE Published online 17 March 2010 | Nature | doi:10.1038/news.2010.129).
En effet la technique d'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) est une technique non invasive qui permet d'atteindre - en routine - de très bonnes résolutions spatiales et temporelles. La mesure de l'activité du cerveau, qui entraîne un accroissement des besoins en oxygène et en glucose, .est effectuée par l'acquisition du signal BOLD (blood-oxygen-level dependent) qui reflète les variations locales et transitoires de la quantité d’oxygène transporté par l‘hémoglobine en fonction des besoins exprimés par le cerveau. Cette technique est utilisée en Clinique, par exemple, comme aide à une intervention chirurgicale en permettant de mieux circonscrire la zone d'intervention. En Recherche, elle est utilisée pour les études de connectivité fonctionnelle, dans le cadre de la Psychologie cognitive et comportementale et en Psychiatrie.
Dans un article publié le 1er mars 2012 par la revue NATURE, sous le titre "Clear up this fuzzy thinking on brain scans" (Eclaircir cette pensée floue sur les scans du cerveau), Olivier OULLIER, Professeur au laboratoire de psychologie cognitive à l'Université de Provence, souligne un certain nombre de dérives auxquelles on assiste aujourd'hui dans différents domaines, depuis le Neuromarketing jusqu'à l'utilisation de scans du cerveau dans les tribunaux.
La neuroimagerie, dont l'usage est resté longtemps limité en tant qu'expertise d'appoint dans les tribunaux, a vu ces derniers temps de plus en plus d'initiatives prises - aux Etats-Unis, en Inde ou en Italie - pour faire admettre les scans cérébraux comme preuve décisive de culpabilité ou d'innocence.
(NATURE 483, 7 (01 March 2012) doi:10.1038/483007a )
Olivier OULLIER
Olivier OULLIER déclare, dans le même article, que les Neurosciences voient se produire la même agitation autour d'elles, que ce qui s'était produit quelques années plus tôt avec la Génétique et le Séquençage du Génome Humain. Et de conclure "La loi et la science ont quelque chose en commun, les deux peuvent être mal interprétées.
En résumé, nous pourrions esquisser le tableau suivant du bon et du mauvais usage de cette technologie (IRMf)::
On le voit, le champ de la Neuroéthique appliquée, celle qui s'intéresse aux problèmes éthiques que soulève l’utilisation des nouvelles technologies pour l’étude et l’intervention sur le cerveau, est une branche en plein essor de la Bioéthique. Tout comme la Bioéthique, la Neuroéthique n'est pas un domaine réservée aux seuls chercheurs et cliniciens engagés dans les neurosciences, mais elle est, tout au contraire, ouverte à la réflexion du plus grand nombre.
Ne nous y trompons pas, ce n'est pas parce que nous pouvons voir des scans cérébraux très colorés et changeant au grè de l'acquisition des images, que nous sommes soudain devenus capables de lire les pensées et de les interpréter.
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