30 septembre 2011 5 30 /09 /septembre /2011 21:43

Les 22 et 23 septembre 2011 s'est tenue à Paris la première conférence PLACES (Platform of Local Authorities and Communicators Engaged in Science) réunissant des décideurs politiques - ville et région - et des communicants scientifiques pour débattre des politiques de communication de la science pour les villes européennes et leurs régions.


PLACES est un projet soutenu sur des fonds européens et coordonné par ECSITE - réseau européen des centres de science et des muséums. L'objectif de ce projet est de définir et développer le modèle de la "Ville Européenne de la Culture Scientifique".


Comme le disent très bien les organisateurs de la conférence il est désormais temps pour l'Europe d'utiliser au mieux la science pour aborder les problèmes socio-économiques fondamentaux. C'est d'autant plus justifié que la science aujourd'hui influe sur tout ce que nous faisons. Ce projet est directement orienté sur les cibles que l'Europe s'est fixé à l'horizon 2020: l'emploi, recherche et développement, le changement climatique et l'énergie, l'éducation et la lutte contre la pauvreté.


En Europe, soixante neuf institutions spécialisées dans la communication scientifique et/ ou la recherche scientifique (universités, industrie...), ont déjà noué des partenariats avec les décideurs politiques  afin de dresser en commun des Plans d'Action  à l'échelle de la ville ou de la région, visant à apporter de nouvelles perspectives pour le développement culturel et économique. 


 

ParqueCiencias MacroscopioEl Macroscopio - Parc des sciences - Grenade (Espagne)

 


Cela revient souvent à créer des lieux adossés à des espaces de communication scientifique. Une des premières implications est l'intégration harmonieuse de ces espaces dans le plan d'architecture de la ville.

 

Dans la projection que s'en font les participants de la conférence, le prototype de la ville européenne de la culture scientifique est une petite ville ou une ville de taille moyenne ayant une forte motivation justifiée dès le départ par la présence, sur son territoire ou à proximité, d'organismes de recherche, voire d'une université ou des écoles d'ingénieurs.

 

Les deux journées ont été particulièrement denses et d'un très grand intérêt pour chacun des intervenants et participants. Tous ceux qui se sont retrouvés le vendredi après midi dans l'un des ateliers se sont engagés à continuer à explorer les pistes surgies au cours des débats à travers la mise en place d'une plateforme commune de réflexion et de proposition.

 

Neufs points clés pour les politiques de communication de la science émergent de cette conférence, comme on peut le voir en se rendant sur le site Internet d'ECSITE, ou sur celui de PLACES Open Platform.

 

Ce que nous pourrions résumer globalement en disant:

- communiquer la science n'a rien d'une activité secondaire et devrait être reconnue à sa juste place aux côtés des activités Recherche et Innovation;

- tous les acteurs pertinents, publics et privés, de même que les citoyens doivent se sentir impliqués en tant que co-participants et co-créateurs;

- communiquer la science participe à l'ouverture d'esprit de chacun face à ce qui est nouveau et parfois inconnu;

- les régions et les villes européennes ont à développer leurs politiques de communication de la science en prenant en compte leurs propres contextes historiques, géographiques et économiques ainsi que leur objectif propre sur le plan social;

- une "bonne" politique de communication de la science doit concilier deux paramètres différents - la perspective à long terme de la science et les priorités politiques à court terme -;

- la compétitivité dans l'Union Européenne implique que les villes et les régions européennes s'appuient de plus en plus sur une économie basée sur la connaissance (scientifique);

- la communication de la science doit s'engager dans les mêmes voies que celles fixées par la Stratégie Europe 2020;

- les partenaires et décideurs locaux doivent investir dans la communication scientifique;

- des indicateurs plus précis  doivent être mis en place afin de mesurer les impacts et les avantages socio-économiques de la politique de communication de la science.

 

 

 


 Liens externes à ce blog:

 

 

Le site d'ECSITE

 

 

PLACES Open Platform

 

 

Liens internes à ce blog:

 

The Responsibility of Science. Plaidoyer pour un comportement éthique des scientifiques

 

Le scientifique et son image auprès du public.

 

Science, Recherche et Société

 

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9 juillet 2010 5 09 /07 /juillet /2010 14:42

La huitième édition de La Nuit de la Science à Genève, qui aura lieu du 10 au 11 juillet 2010, a pour ambition de:

"1) permettre à un public familial de dialoguer en direct avec des savants et de se faire expliquer de façon simple et ludique les dernières recherches en cours.
2) proposer aux scientifiques de sortir de leurs laboratoires pour aller à la rencontre du public et leur donner ainsi le moyen d'expliquer leur démarche."

 

Ce n'est pas très différent des priorités affichées pour ce genre d'opération par l'ensemble des pays qui, à travers le monde, offrent à leurs citoyens une "Semaine de la Science", voire comme en France une "Fête de la Science" qui, cette année, se déroulera sur quatre jours au mois d'octobre.

 

Jusqu'au choix de la thématique retenue pour cette année 2010 "Extrêmes & Limites" qui n'est pas sans rappeler la thématique de la Fête de la Science édition française de 2007 qui se développait autour de "Frontières de la connaissance. Instruments de la science".

 

 

nuit-science.png

 

 

Cette opération se déroule ce week end à Genève. Elle est organisée par le Musée d'histoire des sciences de Genève et relève du Ministère de la Culture.

 

Nous ne pouvons que souhaiter une grande et belle réussite à nos amis Suisses dans leurs efforts pour rapprocher et inviter au dialogue entre chercheurs et citoyens autour de la Science telle qu'elle se pratique.

 


Article en lien sur ce blog:

 

La Fête de la Science en Ile-de-France - édition 2008:  Une semaine en novembre

 

 

 

 

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12 juin 2010 6 12 /06 /juin /2010 21:15

A Paris, ce samedi matin 12 juin est nuageux, la nuit précédente a apporté son lot de pluie, et je cherche une place pour garer ma voiture pas trop loin du Collège de France en refaisant le tour Place du Panthéon, rue des Ecoles, rue Saint Jacques. La plénière d'ouverture du Forum Science, Recherche et Société, 2eme édition, à l'initiative du journal Le Monde et de la revue La Recherche, a lieu à 10 heures.

Dans le grand amphithéâtre Marguerite de Navarre un peu plus de deux cent personnes sont déjà présentes à mon arrivée. L'Administrateur du Collège de France, le Professeur Pierre CORVOL, est en train de discuter près de l'entrée, quant à Françoise BARRE-SINOUSSI, qui doit intervenir pour la conférence plénière, elle est déjà assise au premier rang et apparemment très décontractée.

Pierre CORVOL fait le mot d'accueil. Il présente en quelques mots l'Institution qui nous reçoit, le Collège de France, et ce qu'on y fait avec le souci permanent de créer des liens entre la Recherche, la science telle qu'elle se fait, et le grand public. C'est concis, très clair et, pour moi, qui suis habitué par nécessité professionnelle à ce genre d'exercice, je trouve même cet accueil-introduction particulièrement remarquable.

 

College_de_france.jpg

 

Collège de France - statue de Guillaume BUDE - visible depuis la rue Saint Jacques

 

 

Françoise BARRE-SINOUSSI va nous raconter ensuite l'histoire de la découverte du virus du SIDA à la suite d'une interpellation directe par des "activistes" venus dans son laboratoire à l'Institut Pasteur pour interroger des spécialistes des rétrovirus, dispensant un enseignement sur les rétrovirus.

"Tout le monde sait aujourd'hui qu'il s'agit d'une zoonose... la forme simiesque du virus existait sans doute depuis des milliers d'années...les premiers humains contaminés habitaient dans une zone géographique bien délimitée, c'est vraisemblablement à la suite du processus de décolonisation et des guerres qui ont suivi que la population contaminée a été contrainte à se déplacer et que la maladie a commencé à se répandre...Pour l'avenir c'est avec le dérèglement climatique et les migrations de populations qui s'en suivront que risquent d'apparaître les pandémies....Avec la découverte des antibiotiques, et l'utilisation de la pénicilline après 1945, on pensait que toutes les maladies pouvaient être vaincues, même si la médecine a réalisé d'énormes progrés, force est de constater qu'il n'en est rien..."

Une très bonne prestation, sur le ton de la connivence avec le public, suivie par un débat avec quelques étudiants de Science Po, dont la particularité était qu'ils suivaient tous un cursus scientifique à l'UPMC.

 

J'ai rejoint ensuite le petit amphithéâtre Maurice HALBWACHS où les intervenants débattaient autour de la question: "La biodiversité a-t-elle un prix?". C'était plutôt sympathique. En particulier le topo de Jean-Michel SALLES, chargé de recherche au CNRS, qui nous a rappelé quelques fondamentaux en matière d'économie. Par exemple la distinction classique entre Prix et Valeur, nous rappelant la question d'école déjà ancienne "Pourquoi l'eau qui nous est indispensable, et sans laquelle nous mourrons, a-t-elle moins de valeur marchande que le diamant qui ne nous est pas du tout indispensable?"... et Quid de la biodiversité?

 

Au cours de ces quelques heures, il y a quelques points qui m'ont particulièrement interpellés:

 

- suite à la présentation de Pierre CORVOL, c'est le titre même du Forum "Science, Recherche et Société" qui m'interpelle.

 

Tout d'abord et comme chacun peut le constater cet artcle appartient à la catégorie "Science et Société" de mon blog. Par ailleurs, dans le vocable "européen" du 7eme PCRD, on parle de "Science in Society". 

  Dans la plupart des cas, il est rare que l'on y associe le mot Recherche.

Aujourd'hui il m'apparaît évident que le mot Recherche doive être associé à Science et Société. La Recherche c'est la science qui se fait, pas celle des livres ou des musées. En introduisant le mot Recherche on passerait de quelque chose de théorique, ou du moins très généraliste - la Science -, à une pratique - la Recherche -.

 

-suite à la prestation de Françoise BARRE-SINOUSSI, il apparaît que toute Recherche, particulièrement celle qui entraine de fortes implications dans la Société, doit être réalisée en partenariat avec des citoyens, voire des "activistes". Il faut qu'il y ait dialogue, pas nécessairement pour que scientifiques et citoyens tombent d'accord sur tout, mais qu'il y ait au moins échange, afin que le chercheur prenne les bonnes idées qui se présentent et réajuste au besoin ses objectifs.

 

______________________________

 

Articles en lien sur ce blog:

 

 The Responsibility of Science. Plaidoyer pour un comportement éthique des scientifiques.

  

Les villes européennes de la culture scientifique.

 

Neuroimagerie fonctionnelle et neuroéthique

 

 


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31 mars 2009 2 31 /03 /mars /2009 21:45
Il y a tout juste 50 ans, le 14 février 1959, le Général De Gaulle après avoir visité Sud-Aviation et plusieurs Instituts de recherche, prononçait un discours à la Cité universitaire de Toulouse. Il y livrait sa vision du rôle des étudiants, des enseignants, des chercheurs et de l'Etat. En voici des extraits:

« Au moment où je suis de ma vie, bref, dans mes dernières années, j'ai le sentiment, à l'université de Toulouse, de me trouver sur une plage, au bord d'un océan, celui qui peut vous porter, vous les chercheurs, vous les professeurs, vous les étudiants, vers les rivages de la découverte, afin de gagner, à partir de là, les terres inconnues du progrès…

 

Ce n'est pas à la faculté des sciences de Toulouse, entouré comme je le suis par les maîtres et les étudiants de diverses facultés, que j'ai à démontrer pourquoi l'éveil et le développement de l'esprit, par la connaissance de ce qui est beau et par le culte de ce qui est bon, doivent s'associer à la formation scientifique de nos jours…

 

Mais une pareille construction comporte plusieurs étages. À la base, il faut qu'une large partie de la jeunesse française vienne à l'Enseignement scientifique et que les étudiants travaillent bien. Plus haut ce sont les Maîtres, dont il faut qu'ils soient en nombre suffisant et qu'ils aient les moyens voulus pour accomplir leur grande tâche. Plus haut, encore, les Chercheurs, à qui il faut l'équipement spécial nécessaire à leurs travaux et l'art de ne point cloisonner les pensées et les résultats.


Au sommet, enfin, l'État ! L'État qui a le devoir d'entretenir dans la nation un climat favorable à la Recherche et à l'Enseignement; l'État, qui, malgré le flot des besoins et le flot des dépenses, a la fonction de doter les laboratoires et de pourvoir l'enseignement. L'État, enfin, qui doit orienter l'ensemble, tout en laissant à chacun des chercheurs sa direction et son autonomie…


Mais aussi, par-delà l'université de Toulouse, je salue l'Enseignement français, les chercheurs, les maîtres, les étudiants. En même temps, je leur rends témoignage parce qu'ils servent celui qu'il faut servir, c'est-à-dire l'homme, tout simplement. »

 

« Discours prononcé par Charles de Gaulle », La Revue pour l’histoire du CNRS, N°1 - Novembre 1999,  mis en ligne le 6 décembre 2006.






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20 février 2009 5 20 /02 /février /2009 16:44

Wendelin WERNER, 41 ans, mathématicien français au parcours exceptionnel et prestigieux, membre de l'Académie des Sciences et  Médaille Fields 2006, a réagi face à des insinuations à l'emporte pièce à l'encontre de la communauté des scientifiques français par une lettre ouverte publiée dans le quotidien Le Monde du 19 février 2009.


Wendelin WERNER - Crédits photo: Antoinetav_2007

 

"Monsieur le Président, vous ne mesurez peut-être pas la défiance...,

 

 

 

Je ne pensais pas un jour me retrouver dans la situation qui est la mienne aujourd’hui, à savoir écrire une lettre ouverte au président de la République française : ce qui m’intéresse avant tout, et ce à quoi j’ai choisi de consacrer ma vie professionnelle, c’est de réfléchir à des structures mathématiques, d’en parler avec mes collègues en France et à l’étranger et d’enseigner à mes étudiants. J’ai eu le privilège de voir mes travaux aboutir et récompensés par un prix important. Cela me donne une certaine responsabilité vis-à-vis de ma communauté et me permet aussi d’être un peu plus écouté par les médias et le pouvoir politique. Comme le montre le sociologue allemand Max Weber dans son diptyque Le Savant et le Politique, auquel Barack Obama s’est d’ailleurs implicitement référé dans son discours d’investiture, nous devons partager une même éthique de la responsabilité. C’est au nom de celle-ci que je m’adresse aujourd’hui à vous.

Vous ne mesurez peut-être pas la défiance quasi unanime à votre égard qui s’installe dans notre communauté scientifique. L’unique fois où nous avons pu échanger quelques mots, vous m’avez dit qu’il était important d’arriver à se parler franchement, au-delà des divergences, car cela fait avancer les choses. Permettez-moi donc de nouveau de m’exprimer, mais de manière publique cette fois.

 

 

 

Je m’y sens aussi autorisé par l’extrait suivant du discours que vous aviez prononcé il y a un an lors de votre venue à Orsay pour célébrer le prix Nobel d’Albert Fert : "La tâche est complexe, et c’est pourquoi j’ai voulu m’entourer des plus grands chercheurs français, dont vous faites partie, pour voir comment on pouvait reconfigurer notre dispositif scientifique et lui rendre le pilotage le plus efficace possible. Je les consulterai régulièrement, ces grands chercheurs, et je veux entendre leurs avis." Je vous donne donc mon avis, sans crainte et en toute franchise.


Votre discours du 22 janvier a, en l’espace de quelques minutes, réduit à néant la fragile confiance qui pouvait encore exister entre le milieu scientifique et le pouvoir politique. Il existait certes, déjà, une réaction hostile d’une partie importante de notre communauté aux différents projets mis en place par votre gouvernement et leur motivation idéologique. Mais c’est uniquement de votre discours et de ses conséquences dont je veux parler ici.

 

 

 

Tous les collègues qui l’ont entendu, en direct ou sur Internet, qu’ils soient de droite ou de gauche, en France ou à l’étranger (voir la réaction de la revue Nature), sont unanimement catastrophés et choqués. De nombreuses personnes présentes à l’Elysée ce jour-là m’ont dit qu’elles avaient hésité à sortir ostensiblement de la salle, et les réactions indignées fleurissent depuis.


Rappelons que vous vous êtes adressé à un public comprenant de nombreux scientifiques dans le cadre solennel du palais de l’Elysée. Je passerai sur le ton familier et la syntaxe approximative qui sont de nature anecdotique et ont été suffisamment commentés par ailleurs. Lorsque l’on me demande à quoi peut servir une éducation mathématique au lycée pour quelqu’un dont le métier ne nécessitera en fait aucune connaissance scientifique, l’une de mes réponses est que la science permet de former un bon citoyen : sa pratique apprend à discerner un raisonnement juste, motivé et construit d’un semblant de raisonnement fallacieux et erroné.


La rigueur et le questionnement nécessaires, la détermination de la vérité scientifique sont utiles de manière plus large. Votre discours contient des contrevérités flagrantes, des généralisations abusives, des simplifications outrancières, des effets de rhétorique douteux, qui laissent perplexe tout scientifique. Vous parlez de l’importance de l’évaluation, mais la manière dont vous arrivez à vos conclusions est précisément le type de raisonnement hâtif et tendancieux contre lequel tout scientifique et évaluateur rigoureux se doit de lutter.

 

 

 

Nous sommes, croyez-moi, très nombreux à ne pas en avoir cru nos oreilles. Vous, qui êtes un homme politique habile, et vos conseillers, qui connaissent bien le monde universitaire, deviez forcément prévoir les conséquences de votre discours. Je n’arrive pas à comprendre ce qui a bien pu motiver cette brutalité et ce mépris (pour reprendre les termes de Danièle Hervieu-Léger, la présidente du comité que vous avez mis en place ce jour-là), dont l’effet immédiat a été de crisper totalement la situation et de rendre impossible tout échange serein et constructif. De nombreux étudiants ou collègues de premier plan, écoeurés, m’ont informé durant ces quinze derniers jours de leur désir nouveau de partir à l’étranger. J’avoue que cela m’a aussi, un très court instant, traversé l’esprit en écoutant votre intervention sur Internet.


Le peu de considération que vous semblez accorder aux valeurs du métier de scientifique, qui ne se réduisent pas à la caricature que vous en avez faite - compétition et appât du gain -, n’est pas fait pour inciter nos jeunes et brillants étudiants à s’engager dans cette voie. La ministre et vos conseillers nous assurent depuis plus d’un an que vous souhaitez authentiquement et sincèrement aider la recherche scientifique française. Mais vous n’y parviendrez pas en l’humiliant et en la touchant en son principe moteur : l’éthique scientifique.

 

 

 

Comme vous l’expliquez vous-même, la recherche scientifique doit être une priorité pour un pays comme la France. En l’état actuel des choses, il ne semble plus possible à votre gouvernement de demander à la communauté scientifique de lui faire confiance.


De nombreux collègues modérés et conciliants expriment maintenant leur crainte d’être instrumentalisés s’ils acceptent de participer à une discussion ou à une commission. Les cabinets de la ministre de la recherche et du premier ministre ont certainement conscience de l’impasse dans laquelle vous les avez conduits. J’ai essayé de réfléchir ces derniers jours à ce qui serait envisageable pour sauver ce qui peut encore l’être et sortir de l’enlisement actuel.


Un début de solution pourrait être de vous séparer des conseillers qui vous ont aidé à écrire ce discours ainsi que de ceux qui ne vous ont pas alerté sur les conséquences de telles paroles. Ils sont aussi responsables de la situation de défiance massive dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui, et que votre intervention du 22 janvier a cristallisée.

 

Ils ont commis, à mon sens, une faute grave et c’est votre propre dogme que toute faute mérite évaluation et sanction appropriée. Cela permettrait à notre communauté de reprendre quelque espoir et de travailler à améliorer notre système dans un climat apaisé, de manière moins idéologique et plus transparente.


Il est, pour moi, indispensable de recréer les conditions d’un véritable dialogue. L’organisation de la recherche et de l’enseignement supérieur est certes un chantier urgent mais, comme vous l’aviez noté il y a un an, il est d’une extrême complexité. Sa réforme demande de l’intelligence et de la sérénité. Il n’appartient qu’à vous de corriger le tir."



C'est une lettre franche et directe qui m'a donné envie d'en savoir un peu plus sur son auteur que j'avais rencontré deux fois auparavant, la dernière rencontre en date étant sur les marches du Panthéon en octobre 2007 à l'occasion de l'inauguration de la Fête de la Science.

De mon enquête rapide sur le personnage, j'ai retenu essentiellement une image et une interview.

L'image représente les lauréats 2006 lors de la remise du prix en Espagne autour du Roi Juan Carlos:


Wendelin WERNER est à droite sur la photo
Crédits - ambafrance-cn


De cette image je retiens le symbole de l'attention du Politique pour le Savant.

Quant à l'interview, réalisée en 2007, elle peut être retrouvée en intégralité sur le site web du quotidien Le Figaro.

J'en ai extrait quelques lignes qui me semblent définir notre Scientifique:


"    Wendelin Werner est le neuvième Français à obtenir la médaille Fields depuis sa création en 1936. Cette dernière consécration confirme la qualité de l'école mathématique française, deuxième au monde derrière les Etats-Unis pour le nombre de médaillés Fields et pour la quantité de publications dans des revues internationales. «J'ai bénéficié d'une tradition de l'enseignement des mathématiques, explique-t-il, avec des professeurs stimulants. Nombre de bons élèves choisissent cette filière d'autant que cette discipline se prête bien à un système de notation plus juste et a priori moins subjectif, et les notes sont importantes dans le système français... Puis, lorsqu'on a commencé à apprécier les jolies démonstrations, on est tenté de continuer dans la recherche.»

 

De l'avis de son entourage, la médaille Fields n'a rien bouleversé dans sa vie. Certes, cela a changé le regard de personnes de cercles plus éloignés. Les médias et les politiques le sollicitent. Et si des ponts d'or lui ont été offerts, notamment par des banques en quête d'oracle pour estimer les risques associés à des produits financiers, il n'a pas succombé aux chants de ces sirènes. Quand bien même on lui proposait de multiplier son salaire par dix. «Sur le coup, ça m'a un peu déstabilisé, raconte-t-il. Puis j'ai considéré que je n'avais pas besoin de tout cet argent. La carrière universitaire est un choix. Il y a d'autres valeurs qui nous importent, comme la liberté de choisir nos sujets de recherches. Mais je ne dis pas que les chercheurs se satisfont du salaire qui leur est alloué en France et des moyens qui leur sont donnés, souvent très insuffisants dans les disciplines expérimentales.»"

 

Relisons attentivement cette petite phrase:


"Il y a d'autres valeurs qui nous importent, comme la liberté de choisir nos sujets de recherches."


Visiblement ce ne peut pas être une déclaration polémique issue du contexte actuel, puisque elle a été faite en 2007.
Un grand débat que celui des valeurs.


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16 février 2009 1 16 /02 /février /2009 18:29
A la fin du mois de décembre 2008, présentant sa nouvelle équipe, le Président Elu OBAMA faisait cette déclaration à propos de la science et des scientifiques:

" En cet instant, dans les laboratoires, les salles de classe et les entreprises à travers toute l’Amérique, nos plus grands esprits travaillent avec ardeur en étant à la poursuite de la prochaine grande idée, afin d’assurer de nouvelles percées qui pourraient révolutionner nos vies. Mais l'histoire nous dit qu'ils ne peuvent pas le faire seuls. Que ce soit de l'atterrissage sur la lune, du séquençage du génome humain, jusqu’à l’invention d'Internet, l’Amérique a été la première à franchir chaque nouvelle frontière parce que nous avons eu des dirigeants qui ont pavé le chemin : des dirigeants comme le Président Kennedy, qui nous a inspiré afin que nous repoussions les frontières du monde connu  pour atteindre l'impossible ; des dirigeants qui ont investi non seulement dans nos scientifiques, mais qui ont respecté l'intégrité du processus scientifique.

 

Parce qu'à la vérité  promouvoir la science ce n’est pas seulement lui fournir des ressources – c’est aussi assurer une recherche libre et ouverte. C'est de pouvoir garantir que les faits et les preuves ne seront jamais tordus ou obscurcis par la politique ou l'idéologie. C'est d'écouter ce que nos scientifiques ont à dire, même quand c'est inopportun—surtout quand c'est inopportun. Parce que la plus haute finalité de la science c’est la recherche de la connaissance, de la vérité et d’une plus grande compréhension du monde qui nous entoure."


(Credits Depauw) 



"Right now, in labs, classrooms and companies across America, our leading minds are hard at work chasing the next big idea, on the cusp of breakthroughs that could revolutionize our lives. But history tells us that they cannot do it alone. From landing on the moon, to sequencing the human genome, to inventing the Internet, America has been the first to cross that new frontier because we had leaders who paved the way : leaders like President Kennedy, who inspired us to push the boundaries of the known world and achieve the impossible ; leaders who not only invested in our scientists, but who respected the integrity of the scientific process.

Because the truth is that promoting science isn’t just about providing resources—it’s about protecting free and open inquiry. It’s about ensuring that facts and evidence are never twisted or obscured by politics or ideology. It’s about listening to what our scientists have to say, even when it’s inconvenient—especially when it’s inconvenient. Because the highest purpose of science is the search for knowledge, truth and a greater understanding of the world around us."



Le texte de cette intervention peut être trouvé en CLIQUANT ICI



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31 janvier 2009 6 31 /01 /janvier /2009 22:42

Quelle est la représentation du scientifique dans l'imaginaire du grand public ? Ou même simplement les échanges, contacts avec des individus impliqués à titre divers dans un des nombreux métiers de la recherche?

Ainsi que le faisait remarquer
 Jennifer ROHN, biologiste cellulaire à l'University College London et écrivain,  ceux qui  exercent un métier scientifique dans notre société occidentale, chercheurs, ingénieurs et techniciens, sont  nombreux (1,3 million de personnes  pour le Royaume Uni en 2006) et leur contribution  au développement de la société et au bien-être de chacun  est d'une importance majeure: "nous vivons plus longtemps, nous bénéficions de nouveaux vaccins et des progrès de la médecine, nous  disposons d'une multitude (d'équipements et ) de gadgets qui rendent notre vie plus agréable".

Il arrive parfois qu'un scientifique intervienne sur un plateau de télévision, par exemple pour commenter un fait d'actualité ou débattre avec d'autres intervenants. Dans ces occasions, le public peut se rendre compte, que le scientifique ressemble tout à fait à un citoyen ordinaire. Cependant, si l'on réalise une enquête auprès d'un public composé de non-scientifiques, en lui demandant la première idée qu'il se fait d'un scientifique, les images seront le plus souvent ou bien "idéalisées" - Albert EINSTEIN-, ou caricaturales - un cinglé binoclard en blouse blanche, un créateur de monstre, un barbu entre deux-âges vêtu d'un chandail - .  Il y a également de fortes probabilités que la description du scientifique soit celle d'un individu de sexe masculin.

Depuis de longues années, il y a, aussi bien au cinéma que dans des séries télévisées à succés, de nouvelles images de scientifiques qui auraient pu s'ancrer fortement dans l'imaginaire. Dans la majorité de ces séries télévisées, si les scientifiques hommes nous semblent le plus souvent sympathiques, les scientifiques femmes quant à elles pourraient concourir dans les défilés de mode.









Sans doute, grâce à cela, les scientifiques sont-ils mieux perçus - image globale relativement sympathique - tout comme ils sont plus clairement identifés au milieu d'une équipe d'acteurs dans les séries de fiction. Il reste cependant de nombreux progrès à réaliser avant d'obtenir une image totalement valorisante du scientifique.
 
Jennifer ROHN avance deux hypothèses:

- les scientifiques sont "invisibles", ils ne sont pas réellement perçus par le reste de la population. Lorsque les non-scientifiques pensent aux scientifiques en tant que groupe d'individus, leur propre expérience scolaire, les difficultés qu'ils ont pu rencontrer pour comprendre les matières scientifiques, voire la haine qu'ils auraient pu ressentir pour ces disciplines scolaires, tout cela viendrait brouiller leur champ de vision;

- tout au long de l'histoire, et Jennifer ROHN de citer Aristophane, une grande partie de l'humanité a cru qu'il y avait une sorte de danger à vouloir trop connaître ou à essayer d'acquérir des connaissances "interdites" réservées aux dieux. La Bible ne rapporte pas autre chose avec la chute de l'homme et son départ du Jardin d'Eden. Prométhée reste trop longtemps attaché à son rocher, Icare tombe au milieu de son ascension, l'alchimiste pactise avec des forces obscures, tandis que le savant fou nous promet l'holocauste...

Il est commun de penser que l'utilisation des bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki n'a pas encouragé une vision optimiste des choses.

Il y a peut-être eu aussi une dilution de l'image du scientifique tout au long du vingtième siècle,  lorsque notre société, pour se développer, a eu besoin d'un très grand nombre de scientifiques dans presque toutes les disciplines.

Alors que la rareté mettait les individus en valeur, la profusion a paradoxalement banalisé les acteurs de la science.
Tant que l'on a placé le scientifique en haut des cimes jusque dans le début du vingtième siècle, dans un espace-temps qui ne semblait appartenir qu'à quelques rares élus, les sentiments de l'opinion à son égard pouvaient être très forts: admiration et espoir, comme rejet et crainte.
Lorsque les scientifiques sont devenus des éléments de l'économie de marché - l'économie "de la connaissance" d'après la Stratégie de Lisbonne - et que les métiers ont été segmentés: techniciens, ingénieurs ou chercheurs, les scientifiques sont devenus comparables à l'ensemble de leurs concitoyens. A cette mesure là, les non-scientifiques se sont rendu compte que la quasi majorité des scientifiques appartenait
au mieux, sauf fortune familiale personnelle, à la classe moyenne.

Il n'y a toujours pas de scientifique dans le Top 50 des personnalités préférées des français.
 
Est-ce un problème de communication des acteurs de la science vis-à-vis du public, ou de la communication de leurs institutions et des média réalisée autour d'eux?

Les non-scientifiques, et les scientifiques, préféreraient-ils ceux qui les amusent ou les distraient, acteurs,chanteurs, sportifs de haut niveau et aventuriers lancés à la conquête du monde?

Un simple problème d'image ?

 


Liens internes à ce blog:

 

 

Les villes européennes de la culture scientifique;

 

Science, Recherche et Société

 

The Responsibility of Science. Plaidoyer pour un comportement éthique des scientifiques

 

 Vous avez dit "science"?

 

 

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3 décembre 2008 3 03 /12 /décembre /2008 17:18

Labellisée comme « événement lié à la Présidence française de l’Union Européenne » la Fête de la Science 2008 s’est déroulée un peu plus tardivement que les années précédentes, dans le courant de la troisième semaine de novembre. En Ile-de-France la météo nous a réservé un ciel couvert, un peu de pluie, des températures relativement fraîches et parfois un peu de soleil et de ciel bleu. Ce soleil je l’ai retrouvé en sortant du Musée de l’Homme qui accueillait des enfants sur son stand atelier « taille de silex » et sur quelques autres stands. Le soleil était présent sur l’esplanade, certes, mais il était accompagné d’un vent fort qui ne décourageait pourtant pas les touristes en quête de photos souvenirs de la principale attraction parisienne, véritable prouesse technologique témoin d’une exposition plus ancienne.

 

La grande banlieue se montrait plus discrète, parfois on apercevait un calicot « Fête de la science » mais le plus souvent se voyait un calicot de la collectivité orné d’un petit logo signalant que son forum ou son exposition avait bien été labellisé.

 

Les enfants qui se sont déplacés par classe entière vers les laboratoires universitaires et autres lieux festifs ont bien aimé l’affiche bleue de la Fête de la science en Ile-de-France, «celle avec la souris »  comme me l’a annoncé fièrement l’une des chevilles ouvrières de l’opération sur l’Université Pierre et Marie Curie.

 

Affiche Fête de la science 2008 - Ile-de-France 

Graphisme: Elsa GODET


Les doctorants étaient souvent en première ligne pour accueillir les visiteurs et leur parler des travaux en cours. Certains laboratoires et Instituts, qui participent à la Fête de la science depuis plusieurs années, proposent des programmes fort bien structurés et animés.

 

Les collectivités locales qui n’ont pas la chance d’avoir un centre de recherche public ou privé sur leur territoire sont le plus souvent tentées d’acheter des prestations à des associations dont la vocation est la médiation culturelle scientifique. Certains territoires sont plus propices que d’autres aux manifestations théâtrales autour de la science ou encore aux bars des sciences.

 

Les grands musées scientifiques nationaux présents à Paris ouvrent leurs portes et adaptent leur programmation pour l’occasion, y compris pour « le petit nouveau », le musée du Quai de Branly qui offrait ateliers pour les scolaires et conférences pour un public plus large.

 

Cette année, j’ai eu un peu froid en discutant sur le stand « cyanobactéries » situé dans un hall de bâtiment aux Grands Moulins (Université Denis Diderot – Paris 7), hall largement ouvert aux quatre vents dans une atmosphère très humide. J’ai apprécié la démonstration expérimentale, pourtant très élémentaire, et les explications détaillées et enthousiastes de cette jeune chercheuse au parcours universitaire complexe.

 

Evénement exceptionnel, cette année l’Institut Pasteur ouvrait ses portes à l’occasion de son 120e anniversaire. C’était tout à fait remarquable quant à l’organisation et le public était au rendez-vous. J’ai suivi un groupe dans le bâtiment « génopole» : accueil par des doctorants, présentation de quelques fondamentaux et du déroulement de la visite entre les différents étages et services. Le groupe a été pris par la main et n’a jamais été abandonné. Techniciens, ingénieurs ou chercheurs l’attendaient, et pour les enfants présents dans le groupe il y avait une prise en charge spécifique. Preuve du succès de l’opération, il fallut attendre au moins deux fois que le groupe précédent laisse la place.

Au tout début de cette visite en territoire pasteurien j’avoue avoir eu un petit moment d’amusement. Ce fut lorsque le doctorant qui nous accueillait s’est vu dans l’obligation de répondre à des questions particulièrement saugrenues de la part de certains visiteurs… J’ai du faire quelque effort pour ne pas essayer de répondre à sa place. Après tout j’étais là moi aussi pour l’expérimentation. Ma grande question : «comment diffuser la culture scientifique auprès du public le plus large ?».

 

 

Affiche Fête de la science 2008 - Ile-de-France

Graphisme: Elsa GODET

 

 

 


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"Extrêmes & Limites" pour la Nuit de la Science 2010

 


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31 mai 2008 6 31 /05 /mai /2008 21:41

Les filles s’engagent moins souvent que les garçons dans les études scientifiques et leur carrière évolue moins favorablement. En France elles sont présentes à plus de 55% à l’Université, mais seulement à 27% dans les écoles d’ingénieurs.

 

Un récent état des lieux, établi par le bureau des études statistiques sur la Recherche et Développement  du ministère de l’Education Nationale, fait apparaître que la France comptait, en 2005, 138 000 femmes en activité dans la Recherche et Développement, dont 76 000 chercheurs ce qui correspond à 28% des effectifs globaux.

 

Il y a des particularités françaises liées à notre système d’éducation, suivre une filière scientifique au lycée et préparer un bac S ne préjuge en rien des orientations ultérieures en matière d’études et de carrière, comme le rappelait Claudine HERMANN (voir note 1) dans un entretien.

 

Claudine_Hermann.JPG

Claudine HERMANN  ( Crédits photo: Philippe Lavialle)

 

Mais ce constat, concernant la proportion de femmes engagées dans des carrières scientifiques, est transposable, à quelques nuances près, à l’ensemble des grands pays du monde occidental (voir note 2). 

 

 

Il y a aussi le poids de l’histoire sur la condition féminine, celui de l’évolution des cultures et des mentalités.

Ainsi l'accès aux filles à certaines grandes écoles est plutôt récent.

 

Dans le journal Le Monde du 3 août 1972 on pouvait lire :

 

 « Pour la première fois cette année – et sur intervention de M. Debré, Ministre d’Etat chargé de la défense nationale -, des jeunes filles pouvaient se présenter au concours d’entrée de Polytechnique. Ce coup d’essai aura été un coup de maître, le Major… est Melle Anne CHOPINET. Le Major des élèves étranger est aussi une jeune fille : Melle Ta Thu-Thuy. »

 

 

Anne CHOPINET devant l'Ecole Polytechnique en 1973

 

 

Aujourd’hui l’Ecole Polytechnique (X) accueille 16% de jeunes filles, chiffre à comparer avec les porcentages de l’Ecole Centrale de Paris qui en reçoit 19% et de l’ UTC - Université de Technologie de Compiègne 30%. 

 

Comme l’annonce la plaquette réalisée en 2007 par l’X et l’association Femmes et Sciences :

« Les femmes ont quelque chose à apporter à la science et en sont fières.

Quoi qu’elles en pensent, les filles sont aussi bonnes en sciences que les garçons : au bac S des mentions sont attribuées à 49% des filles et 42% des garçons. »

 

 

Affiche "La Science change la vie. Les femmes changent la Science"

Crédits: association Femmes et Sciences

 

De fait les carrières scientifiques des femmes, chercheurs, ingénieurs ou techniciennes, sont très inégalement réparties entre Recherche Académique et Recherche Industrielle.

Les femmes sont plus nombreuses (facteur x2) à l’Université ou dans les organismes de recherche (EPST, EPIC) que dans l’Industrie. Et la répartition est, elle aussi, très inégale suivant les disciplines, les femmes étant davantage présentes dans le secteur des Sciences du Vivant  qu’en Physique ou en Chimie.

 

Un rapport réalisé à la suite d’une conférence aux Etats-Unis en 1994 sur la thématique « Femmes scientifiques et ingénieurs employées dans l’industrie » était sous-titré de manière très significative « Pourquoi si peu ? ».

 

Women Scientists and Engineers Employed in Industry

Why So Few?

A Report Based on a Conference

Ad hoc Panel on Industry

Committee on Women in Science and Engineering

Office of Scientific and Engineering Personnel

National Research Council

NATIONAL ACADEMY PRESS
Washington, D.C.
1994

 

Comme le rappelle le Conseil de l’Europe dans ses conclusions du 19 avril 2005

 

« L'excellence scientifique peut être améliorée en promouvant le respect du genre et l'impartialité ; les procédures d'évaluation et sélection doivent être transparentes et libres de discrimination liée au sexe. L'Europe a besoin de politiques fortes  et coordonnées pour améliorer la participation à égalité des femmes et surtout leur permettre l’accès aux positions hiérarchiques, là où s’effectuent les prises de décision. Les conditions de travail et les cultures dans l'université de même que dans l'industrie doivent évoluer vers un environnement permettant aux femmes de développer leur potentiel… »

 

En conclusion, on peut dire qu'aujourd'hui il devient de plus en plus évident que l’avenir de la recherche en Europe passera par un engagement plus important des femmes dans les carrières scientifiques, d’où les appels et efforts des responsables politiques aidés et relayés par des associations de femmes diplômées, ingénieurs et chercheurs.

 


Note : Claudine Hermann, Professeur de physique émérite à l’Ecole Polytechnique et ancienne Présidente de l’association Femmes et Sciences, article X-passion sur le site de l’Ecole Polytechnique.

 


Liens externes en rapport avec cet article:

- Le site de l'association  "Elles en sciences"
- Le site de l'association "Femmes et Sciences"
- Le site de l'association "Femmes et Mathématiques"


- Etudes statistiques - Les Femmes dans la  Recherche


Article en lien sur ce blog

 

Etudes scientifiques et débouchés: Vous avez dit "science"?

 
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24 janvier 2008 4 24 /01 /janvier /2008 17:28

La première partie du titre de cet article est une transposition du compte rendu réalisé par la revue de l’Institut Max Planck (Max Planck News) du premier Forum Carl Friedrich von Weizsäcker qui a eu lieu à la fin du mois de septembre 2007 à  l’université de Hambourg. Une traduction littérale depuis la langue d’origine serait plutôt un pluriel « la responsabilité des sciences » (Verantwortung der Wissenschaften). Quoi qu'il en soit, il semble y avoir comme une sorte de paradoxe, puisqu’il est plus naturel, semble-t-il, d’attribuer une responsabilité à un ou des individus - dans le cas présent les scientifiques -  plutôt qu'à la Science, fut-elle déclinée avec une majuscule.

 

Dans l'article de référence, au-dessus  du titre choc « The responsibility of Science » on trouve une image représentant deux mains ouvertes soutenant la planète Terre avec  pour commentaire : « Responsibility for the world must also be in the hands of scientists. » ce qui nous ramène à une attribution plus rationnelle des responsabilités. En effet, on peut concevoir aisément que les scientifiques, chercheurs, ingénieurs et techniciens, se doivent d'agir en professionnels responsables.

 

Crédits: Oregon Health and Science University

 

L’auteur déclare : « Si l’on veut attribuer une responsabilité aux sciences, il faut sous-entendre que ceux qui sont impliqués dans des activités de recherche doivent agir de manière responsable ».

 

Voilà sans doute un raccourci habile destiné aux philosophes, à ceux qui ont l’habitude de triturer les déclarations et les idées pour voir ce qu’il en reste après analyse et réflexion. Ce type de phrase me fait songer à quelque sophisme et j’imagine,  avec une certaine délectation,  le «fils de la sage femme » utilisant la maïeutique pour pousser le sophiste dans ses retranchements.
 

De fait le forum a tourné autour de la personnalité de Carl Friedrich von Weizsäcker, physicien impliqué, au cours de la Seconde guerre mondiale, dans le programme allemand de mise au point de l’arme atomique. A la fin de la guerre et après mise en cause par les vainqueurs, lot commun pour tous les physiciens allemands, Weizsäcker a poursuivi ses travaux en Allemagne. Il y a occupé les plus hautes fonctions. Physicien engagé et philosophe, ami de Martin Buber, il a œuvré pour la paix tout le reste de sa vie. Il est mort le 28 avril 2007 à l’âge de 94 ans. Il était le frère aîné de Richard von Weizsäcker maire de Berlin de 1981à 1984 puis Président de la République Fédérale Allemande de 1984 à 1994.

On doit à Carl Friedrich von Weizsäcker un manifeste signé par 18 physiciens nucléaires en 1957 connu sous le nom de Déclaration de Göttingen qui a eu un très grand écho auprès du public et, surtout, des politiciens en Allemagne. La déclaration de Göttingen en 1957, en pleine Guerre Froide, appelait au désarmement nucléaire et prônait l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. A cette époque il n’était pas encore habituel pour les scientifiques de s’impliquer eux-mêmes dans la politique et c’est sans doute pour cela que le public a accordé une telle autorité à la déclaration des scientifiques.

De nos jours, les politiciens ont toujours besoin de l'expertise des scientifiques qui leur permet de prendre des décisions en fonction des différents scénarios possibles. Les scientifiques ont la responsabilité de mettre en valeur leurs découvertes. Il y a également une nécessité à assurer la transversalité des disciplines. La physique, la biologie mais aussi les sciences humaines sont mises à contribution. Un exemple concret et direct donné lors du forum a été que, sans la mise en évidence de l’effet de serre et de la détérioration de la couche d’ozone sous l’effet de l’activité humaine, il n’y aurait jamais eu de Protocole de Kyoto.


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AURORA  - Credits:  ESA - AOES Medialab

 

Aujourd’hui l’humanité doit faire face à de nouveaux dangers qui viennent d’être identifiés par les scientifiques. Aux risques liés à l’utilisation de l’énergie nucléaire viennent s’ajouter la perte de la biodiversité ou les effets sur le changement climatique, risques pouvant être attribués à notre mode de vie.

« Il est donc important que les nouvelles générations de scientifiques soient sensibilisés sur la responsabilité qui leur incombe », telle pourrait être la conclusion de ce premier Forum Carl Friedrich von Weizsäcker.

Cette phrase fait écho à ce qui a été dit et écrit tout au long de notre histoire depuis plusieurs milliers d’années. Plus le savoir et l’autorité augmente, plus la responsabilité envers les autres s’accroît. Ce que l’Ecclésiaste, en son temps, traduisait par « Celui qui accroît son savoir, accroît aussi sa douleur ».
 

En fait, il semble que la prise de conscience des scientifiques a déjà eu lieu depuis longtemps et pas seulement depuis le prix Nobel de la Paix attribué au chimiste Linus Pauling, déjà lauréat du Prix Nobel de Chimie, ou encore des Déclarations de Mainau de 1955 et 1956 signées par 51 prix Nobel.

L'état d'esprit des scientifiques est donné par un sondage récent réalisé par le Cevipof (Centre de recherches politiques IEP/ CNRS) auprès de 2075 chercheurs et présenté par Daniel Boy lors du premier colloque ‘’Sciences et société en mutation’’ du CNRS en 2006.
Les réponses obrenues lors de cette enquête 
montrent que si les chercheurs découvrent que leur recherche pourrait poser des problèmes éthiques, moraux ou politiques, à 90% (des sondés) ils déclarent qu'ils en parleraient à leurs collègues avant de prendre une décision. Ensuite qu'ils saisiraient un comité d'éthique (85% des réponses). En dernier qu'ils penseraient à  alerter les médias (22%).
 

Les relations Science et Société sont au cœur du Programme cadre européen sur la recherche et y apparaissent comme un programme à part entière doté sur l’exercice 2007-2012 d’un budget de plusieurs dizaines de millions d’euros.
 

La responsabilité des scientifiques, si ce n’est la « responsabilité des sciences », a été également illustrée récemment par la déclaration de l’académicienne Magdalena FIKUS devant ses collègues de l’Académie des sciences de Pologne à propos du Festival des sciences :
 

« Science cannot develop if society is unable to grasp its objectives, methodology and output. Taxpayers deserve to be informed about why it is worth spending money on science, as without scientific advancement there can be no modern society. Without two-way communication people will be afraid of genetically modified tomatoes and of atomic energy, they will ignore the warnings and recommendations of ecologists. They will fear and reject new advances – in short they will simply act like ignorant people. And in Europe, a menial job is that awaits an ignorant person.” (Magdalena FIKUS – 2007, in “A festival against ignorance” -  Polish Academy of Sciences)

 

« La science ne peut pas se développer si la société est incapable de saisir ses objectifs, sa méthodologie et sa production. Les contribuables méritent d’être informés (afin de comprendre) pourquoi il est utile de dépenser de l'argent pour la science, et de se rendre compte que sans les avancées scientifiques il ne peut  y avoir de société moderne. Sans le dialogue les gens auront peur des tomates génétiquement modifiées et de l’énergie atomique, ils négligeront les avertissements et les recommandations des écologistes. Ils craindront et rejetteront les nouvelles avancées – en bref  ils agiront simplement comme les gens ignorants. Et en Europe, ce qui attend une personne ignorante c’est un travail répétitif et  peu motivant. »

 


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