12 juin 2010 6 12 /06 /juin /2010 21:15

A Paris, ce samedi matin 12 juin est nuageux, la nuit précédente a apporté son lot de pluie, et je cherche une place pour garer ma voiture pas trop loin du Collège de France en refaisant le tour Place du Panthéon, rue des Ecoles, rue Saint Jacques. La plénière d'ouverture du Forum Science, Recherche et Société, 2eme édition, à l'initiative du journal Le Monde et de la revue La Recherche, a lieu à 10 heures.

Dans le grand amphithéâtre Marguerite de Navarre un peu plus de deux cent personnes sont déjà présentes à mon arrivée. L'Administrateur du Collège de France, le Professeur Pierre CORVOL, est en train de discuter près de l'entrée, quant à Françoise BARRE-SINOUSSI, qui doit intervenir pour la conférence plénière, elle est déjà assise au premier rang et apparemment très décontractée.

Pierre CORVOL fait le mot d'accueil. Il présente en quelques mots l'Institution qui nous reçoit, le Collège de France, et ce qu'on y fait avec le souci permanent de créer des liens entre la Recherche, la science telle qu'elle se fait, et le grand public. C'est concis, très clair et, pour moi, qui suis habitué par nécessité professionnelle à ce genre d'exercice, je trouve même cet accueil-introduction particulièrement remarquable.

 

College_de_france.jpg

 

Collège de France - statue de Guillaume BUDE - visible depuis la rue Saint Jacques

 

 

Françoise BARRE-SINOUSSI va nous raconter ensuite l'histoire de la découverte du virus du SIDA à la suite d'une interpellation directe par des "activistes" venus dans son laboratoire à l'Institut Pasteur pour interroger des spécialistes des rétrovirus, dispensant un enseignement sur les rétrovirus.

"Tout le monde sait aujourd'hui qu'il s'agit d'une zoonose... la forme simiesque du virus existait sans doute depuis des milliers d'années...les premiers humains contaminés habitaient dans une zone géographique bien délimitée, c'est vraisemblablement à la suite du processus de décolonisation et des guerres qui ont suivi que la population contaminée a été contrainte à se déplacer et que la maladie a commencé à se répandre...Pour l'avenir c'est avec le dérèglement climatique et les migrations de populations qui s'en suivront que risquent d'apparaître les pandémies....Avec la découverte des antibiotiques, et l'utilisation de la pénicilline après 1945, on pensait que toutes les maladies pouvaient être vaincues, même si la médecine a réalisé d'énormes progrés, force est de constater qu'il n'en est rien..."

Une très bonne prestation, sur le ton de la connivence avec le public, suivie par un débat avec quelques étudiants de Science Po, dont la particularité était qu'ils suivaient tous un cursus scientifique à l'UPMC.

 

J'ai rejoint ensuite le petit amphithéâtre Maurice HALBWACHS où les intervenants débattaient autour de la question: "La biodiversité a-t-elle un prix?". C'était plutôt sympathique. En particulier le topo de Jean-Michel SALLES, chargé de recherche au CNRS, qui nous a rappelé quelques fondamentaux en matière d'économie. Par exemple la distinction classique entre Prix et Valeur, nous rappelant la question d'école déjà ancienne "Pourquoi l'eau qui nous est indispensable, et sans laquelle nous mourrons, a-t-elle moins de valeur marchande que le diamant qui ne nous est pas du tout indispensable?"... et Quid de la biodiversité?

 

Au cours de ces quelques heures, il y a quelques points qui m'ont particulièrement interpellés:

 

- suite à la présentation de Pierre CORVOL, c'est le titre même du Forum "Science, Recherche et Société" qui m'interpelle.

 

Tout d'abord et comme chacun peut le constater cet artcle appartient à la catégorie "Science et Société" de mon blog. Par ailleurs, dans le vocable "européen" du 7eme PCRD, on parle de "Science in Society". 

  Dans la plupart des cas, il est rare que l'on y associe le mot Recherche.

Aujourd'hui il m'apparaît évident que le mot Recherche doive être associé à Science et Société. La Recherche c'est la science qui se fait, pas celle des livres ou des musées. En introduisant le mot Recherche on passerait de quelque chose de théorique, ou du moins très généraliste - la Science -, à une pratique - la Recherche -.

 

-suite à la prestation de Françoise BARRE-SINOUSSI, il apparaît que toute Recherche, particulièrement celle qui entraine de fortes implications dans la Société, doit être réalisée en partenariat avec des citoyens, voire des "activistes". Il faut qu'il y ait dialogue, pas nécessairement pour que scientifiques et citoyens tombent d'accord sur tout, mais qu'il y ait au moins échange, afin que le chercheur prenne les bonnes idées qui se présentent et réajuste au besoin ses objectifs.

 

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Articles en lien sur ce blog:

 

 The Responsibility of Science. Plaidoyer pour un comportement éthique des scientifiques.

  

Les villes européennes de la culture scientifique.

 

Neuroimagerie fonctionnelle et neuroéthique

 

 


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commentaires

A
<br /> Je reconnais qu'il serait plus facile de maintenir cette relation à deux (Science et Société) qu'une interaction à trois.<br /> Pourtant un des avantages serait de deplacer un certain nombre de problèmes potentiels (ou de confrontations potentielles) en élargissant la base des interactions.<br /> <br /> Ainsi peuvent naître avant de fusionner, un certain nombre de combinaisons comme: Science et Recherche, Recherche et Société, Recherche dans la Société...<br /> <br /> <br />
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G
<br /> L'introduction du mot Recherche dans une rubrique Science Recherche Société rendrait vraisemblablement plus flou le concept des interactions de la science avec le public. La pertinence de cette<br /> modification se discute.<br /> <br /> <br />
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